mardi 22 mai 2012

Des Musées virtuels à la recherches des traces de la culture arabe en Italie

Les thermes de Cefalà Diana, à Gibellina

Les thermes de Cefalà Diana. 


Bernardo Giannone, du Centre experimental de cinématographie de Sicile a réalisé un reportage intitulé Cefalà Diana sur les thermes arabo-normannes en Sicile. Ce travail a été mené en collaboration avec Alessandra Bagnera, Giuseppe Barbera, Roberta Giunta et Alessandra Molinari, des chercheurs s'interessant à la période historique allant de 827, date du début de la conquête arabe de l'île avec le débarquement à Mazara jusqu'à 1040, date qui marque la fin de l'apogée du règne des Kalbites. L'importante exposition de Gibellina s'intitule "l'Islam en Sicile, un jardin entre deux civilisations".

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La Sicile, "jardin entre deux civilisations"



Le MeLa, European Museums in an age of migrations a organisé une importante exposition
 Gibellina, intitulée: "L'Islam en Sicile, un jardin entre deux civilisations", organisée en collaboration avec l'Istitut de la Haute Culture Fondation Orestiadi et parrainée par le Ministère des Affaires Etrangères italien, la Région de Sicile et la Municipalité de la ville de Gibellina.

 L'exposition est centrée sur les thèmes suivants: "l'héritage classique arabe", présenté par l'archéologue Alessandra Bagnera, la continuité des rapports artistiques et culturels entre la Sicile et le monde islamique, par Enzo Fiammetta, les traces "antropologiques" (Antonio Cusumano et Giuseppe Aiello) et l'art contemporain (Achille Bonito Oliva)

Les visiteurs peuvent participer à des ateliers de théâtre, assister à des représentations et à des scéances de présentation de documents-vidéos.

Le programme de l'expositionhttp://www.mela-project.eu/upl/cms/attach/20120514/233336637_3102.pdf



"Respect" vs "Tolérance".

Hubert Houben, grand chercheur médiéviste, dans un article publiée pour la revue  "Stupomundi", nous invite à revister le concept de "tolérance" tel qu'il pouvait être décliné au Moyen Age.

Tolérance, respect, protéction et "gizya"

"Tolérance", en effet, "est un terme moderne, qui a une histoire complexe, mais qui ne remonte pas au Moyen Age, au contraire (...) il est tout à fait inaproprié pour l'époque en question. Ce concept -  poursuit l'auteur - est né suite à la réforme protestante, au début du XVIème siècle, a été repris ensuite durant le siècle des Lumières, en particulier par John Locke dans son Essay Concerning Toleration publié en 1667 et acquiert le sens de "liberté d'opinion", d'opinion religieuse. "Le concept moderne de tolérance religieuse présuppose des concepts comme la dignité intellectuelle, la liberté de la personne, et le droit à la conscience individuelle qui au Moyen Age ne s'étaient pas encore développés. Au Moyen Age "tolérance religieuse" peut donc être compris uniquement au sens d'une "tolérance effective" (...) Cela n'est pas valable uniquement pour le Moyen Age chrétien, mais aussi pour les régions dominées par l'Islam, où Juifs et Chrétiens pouvaient garder leur foi, mais avec un rabaissement subséquent dans un rôle juridiquement et socialement subalterne". Les "protégés", en effet, devaient payer des impots particuliers, parmi lesquels le fameux "gizya".

A travers l'analyse de récits de chroniqueurs, dont Gamal as Din Ibn Wasil (XIIIè siècle), de témoignages (récit de l'évèque Giovanni di Catane en 1168, les récits de Ibn Nazìf et de Matteo Paris), Hubert Houben décèle dans les comportements de Roger II et de Frédéric II, les germes du concept de "tolérance": ces hommes ont été en effet les promoteurs d'un "respect" interreligieux entre les différentes communautés religieuses qui a jeté les base du concept de "tolérance", plus tardif, entre les trois religions monotéistes nées sur le rives de la Méditerranée.
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dimanche 20 mai 2012

Médecine arabe en Italie


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L'école médicale de Salerne, fondée au XIè siècle formait les savants du monde entier. Elle constituait un centre de transmission des savoirs dans les domaines de la médecine, de la philosophie, de l'astrologie, des mathématiques et des sciences.

Nous présentons un  article rédigé en français par Alberto Gentile, le promoteur de le revue Stupomundi, ici en version française

Ecole médicale de Salerne

Les travaux de l'association Ermes, Education et Recherche Médicale de Salerne

Le musée virtuel de l'école médicale de Salerne du Ministère pour les Biens Culturels et les Activités Culturelles en Italie

La fondation de l'école médicale de Salerne, en relation étroite avec l'Ordre des Médecins, l'Université de Salerne et la Municipalité de la ville de Salerne.

File:Al-RaziInGerardusCremonensis1250.JPG




Citons encore:

Roshdi Rashed (ed), Histoire des sciences arabes, Paris Seuil, 1997. Trois tomes

Danielle Jacquart et Françoise Micheau, La médecine arabe et l'Occident médiéval, Maisonneuve et Larose, 1990

Danielle Jacquart, L'épopée de la science arabe, Découvertes, Gallimard, 2005










Pays d'Islam et monde latin, Xè-XIIIè siècle: textes et documents, Lyon, Pul 2000.




Pays d'Islam et monde latin, 950-1250







Dialogues et spiritualité autour de la Méditerranée


Questions juridiques et dialogue interculturel

Réflexion sur les droits humains dans les Pays de la Méditerranée dans le but de promouvoir une conscience comune de la necessité d'un dialogue multiculturel, dans le respect des différences.




Humanisme et Islam : Combats et propositionsLa question éthique et juridique dans la pensée islamique






Mohammed Arkoun réfléchit sur les visions culturelles qui ont dans le temps "enfermé" les textes sacrés dans des savoirs théologiques canonisés. Il retrace les cadres intellectuels déterminés par une vision ethnocentriste qui ont empêché le dialogue interreligieux et la redistribution des savoirs "autres". L'objectif est de promouvoir une recherche scientifique commune, interreligieuse, juridique, et scientifique entre les populations des différentes rives de la Méditerranée.

L'auteur propose donc une "archéologie des savoirs et des discours, et retrace les statifications succéssives des interprétations historiquement marquées des textes sacrée. Il ébauche ainsi une une critique "de la raison juridique" des mouvements culturels et des religions. L'objectif d'une approche comparative du savoir, à travers l'étude des législations des Pays de la Méditerranée est de comprendre comment "l'espace méditerranéen peut dépasser les clivages idéologiques qui continuent de nourrir des guerres civiles à l'intérieur de plusieurs sociétés et surtout de bloquer une politique de remembrement culturel et d'intégration économique de la sphère géohistorique euro-méditerranéenne" (p.73)

Dialogue interreligieux autour de la Méditerranée

Pierre Teilhard de Chardin  et http://www.youtube.com/view_play_list?p=8337414531B3FEADa élaboré le concept d'amour cosmique, l'homme est un "instrument de l'amour qui "meut le soleil et les autres étoiles". Cette conception de l'amour possible comme ouverture à l'autre et à travers l'autre à l'Esprit est à la base des travaux théologiques visant à favoriser le dialogue interreligieux.

Charles de Foucauld est auteur important au centre des études et des recherches spirituelles des communautés religieuses qui essayent de vivre l'amour cosmique et le partage des expériences mystiques interreligieuses.
Cristiani nel deserto. Charles de Foucauld, Primo Mazzolari e Arturo Paoli

Raimon Panikkar, une autre figure emblématique d'un courant religieux qui fonde un terrain de partage des acquis spirituels de l'Orient et de l'Occident.


Edizioni Cipax:

libro leggere corano a roma

Promotion du dialogue interreligieux et des traces de la culture arabe en Italie:

- Association Cipax (Italie)

Premier forum mondial islamo-catholique

Adnane Mokrani: "le dialogue interreligieux comme chemin spirituel"

Dialogue interreligieux monacal



Des revues de Méditerranée



http://diwan.hypotheses.org/258






Archeologia medievale : cultura materiale, insediamenti, territorio


http://www.arablit.it/la_rivista_di_arablit.html


File:Regola - piazza Farnese 1474.JPGL'école Française de Rome



http://www.publications.efrome.it/opencms/opencms/

Islam médiéval

Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée

Médievistes sur le Net: Ménestrel

Et sur le site Ménestrel, une page entière sur l'Islam et l'Occident, réalisée par Alessandro Vanoli

l'Islam et l'Occident

Stupormundi

CERAMIQUES ISLAMIQUES



qui présente les articles suivants: 









Céramique islamique, un programme de recherche


Avec des articles de Alessandra MOLINARI, Roland-Pierre GAYRAUD, Caterina Maria COLETTI


Alessandra MOLINARI, La ceramica altomedievale nel Mediterraneo occidentale isla- 
mico: uno sguardo dalla «periferia» ............................................... 
Roland-Pierre GAYRAUD, D’est en ouest, la céramique islamique.......................
ficie: il programma italo-marocchino di ricerche archeologiche nel Rif ........
Caterina Maria COLETTI , I problemi dello studio delle ceramiche da ricerche di super









Bargello Coppa fatimide



samedi 19 mai 2012

PALERME - AL - MADINA

Une ronde autour de la Méditerranée

Cuisine arabe en Italie

http://pimentvert.edu.glogster.com/traces-de-la-cuisine-arabe-en-italie/




traces de la cuisine arabe en Italie thumbnail



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Ibn Hamdis et la musique arabe de Sicile

http://pimentvert.edu.glogster.com/musique-arabe-de-sicile/

Musique arabe de Sicile 1 thumbnail

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Al Idrìsi: la géographie d'Occident en langue arabe


Une grande exposition en France a été organisée par la Bibliothèque Nationale le grand géographe sicilen (?) de langue arabe.

Le site: Exposition

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Source importante pour l’analyse des traces de la culture arabe. Al Idrìsi, géographe "sicilen" de langue arabe. 


File:1154 world map by Moroccan cartographer al-Idrisi for king Roger of Sicily.jpg



Annaliese Nef, dans son article intitulé "Al-Idrisi : un complément d’enquête bibliographique" publié dans l'ouvrage collectif dirigé par Henri Brec et d’Emmanuelle Tixier du Mesnil (PUP, 2010) Géographes et voyageurs au Moyen Agereprend des études récentes qui attesteraient des liens étroits entre le géographe et la Sicile qu’un autre auteur, Jeremy Johns rejette.

Contrairement à grand nombre de chercheurs, Annaliese Nef soutient, documents à l'appui, que le géographe, est né en Sicile, à Mazara. Il y a reçu une "éducation sicilienne", ce qui expliquerait pourquoi il n'est pas cité dans les sources en langue arabe. Si on ne connaît toujours pas la date de son départ définitif de l’île, il est attesté toutefois qu'al-Idrìsi a continué à travailler en Sicile après la mort de Roger II, à l’époque de la dynastie des Hauteville. Il aurait également composé un ouvrage, intitulé Rawd al-uns wa-nuzhat al-nafs (le jardin de l’amitié et le divertissement de l’âme) pour Guillaume Ier, le fils de Roger II. La date de la mort de l’auteur reste incertaine. Sur ces nouvelles données biographiques se sont penchés un grand nombre de chercheurs, parmi lesquels Adalgisa de Simone, auteur par ailleurs d'un ouvrage important cosacré aux géographes au Moyen Age et intitulé L'immagine araba di Roma. I geografi del Medioevo (secoli IX-XV) (Pàtron editore 2002)



Annelise Nef conclut son article en affirmant que même s’il se dégage une image floue des origines exactes du géographe-poète,  l'enquête biographique n’est pas motivée par « la volonté d’assigner une identité quelconque à al-Idrìsi» mais « vise à contextualiser, d’un point de vue culturel et intellectuel, son œuvre ». Déjà dans l'introduction à l'ouvrage publié en 1999 avec Henri Bresc chez Flammarion, intitulé Idrisi La première géographie de l’Occident, l'auteur s'attachait à repérer des éléments importants de la biographie de l'auteur. Ainsi, les sources qui ont pu servir à l'élaboration de l'oeuvre imposante d'Al Idrisi - des rapports des missionnaires et des archives du Palais Royal - expliqueraient la précision avec laquelle sont décrits certains lieux ou frontières, précision parfois déroutante pour les historiographes. Al Idrisi, en effet, avait accès à ces sources directement, parce que la langue de la culture et de l'administration de l'époque est encore l'arabe. Le choix de la langue en effet, "est éminemment politique" nous rappelle Anneliese Nef. 

Il faut comprendre que l'oeuvre du géographe constitue une "élaboration idéologique", au service de souverains: « Idrìsi" - précise Annaliese Nef - "met cette œuvre au service intellectuel d’une dynastie appelée – par Dieu – à prolonger les efforts des califfes abbyssides : Palerme est appelée à devenir le relais de Bagdad et le pôle savant d’un monde sans frontières, à cheval sur la Méditerranée, comme l’est le pouvoir des Normands". 


Dans ce contexte, la langue arabe jouait un rôle fédérateur en Sicile:  "l’arabe fournissait encore le principe d’unité, de continuité avec le passé, et une culture épanouie. La géographie, maîtrise intellectuelle du monde, renouait avec la grandeur abasside et affirmait pleinement en arabe la gloire d’une terre sicilienne riche et pacifiée, d’une famille conquérante et sage et d’un prince serviteur du savoir". 

A travers son oeuvre de géographe, Al Idrìsi répond à un projet politique précis, qui est d'introduire un "volet européen" dans le vaste champs des travaux produits en Afrique du Nord, en langue arabe, en matière de géographie. 


Les textes sur you tube en français:

http://www.youtube.com/watch?v=5S5MgYdOa3I





Emmanuelle Tixier du Mesnil dans son introduction à l'ouvrage collectif cité Géographes et voyageurs au Moyen Age analyse les différentes formes d'écriture à travers lesquelles les géographes représentent le monde au Moyen Age: « Razi (X è siècle) fait ressortir l’Espagne de l’ombre, Warraq et Bakri (XIè siècle) dévoilent le Maghreb, Idrisi, un siècle plus tard, fait découvrir l’Occident latin. La description de la partie occidentale du dar al-islam est donc le préalable à un agrandissement du champ des investigations géographiques : le pivot depuis lequel la géographie s’écrit, translaté depuis l’Orient, permet de s’intéresser de plus près à un monde latin et chrétien en plein réveil et qui avait jusque là été ignoré". Ainsi le travail de ces géographe témoigne d'un "basculement du rapport de forces dans le monde méditerranéen ". 

Peu importe alors si les géographes "figent des frontières qui n’existent plus". "Les toponymes sont désormais moins les points de carte, que les points d’ancrage d’une géographie nostalgique des lieux de mémoire ». Les terres de Sicile par exemple, sont placées dans les ouvrages du XIè siècle dans le domaine de l’Islam, alors que dans la réalité elles ont été perdues.
 
 Henri Bresc dans ce même ouvrage montre comment Al-Idrisi innove au niveau du genre du récit géographique. Il brise le classement par Pays (mamlaka), et représente la réalité géographique à travers de nouveau critères d'homogéneité que sont les limites des climats et des méridiens

Parmi les oeuvres sur les géographes voyageurs, en en partirculier sur Al Idrisi, publiées en Italie citons le travail de Salvatore Maria Sergio, Viaggiatori, medici e letterati arabi a Napoli e nel Mezzogiorno, Napoli, Colonnese, 1992. L'auteur nous rappelle que la notion d'auteur est encore étrangère à la culture arabe médiévale. Poètes et Voyageurs, hommes de Lettres et Savants semblent partager un savoir commun à tous: sur les œuvres d’autres, tout un chacun est autorisé à exercer des "variations sur le thème". La reprise d’une œuvre contribue plutôt à sa renommée, elle est également l’indice de son succès. Elle est le fruit d’une expérience personnelle, unique, philosophique et spirituelle qui s'insère dans un tout. Il s'agit alors pour le chercheur de retouver ces formes de plagiat: Ibn Hawqal plagieur de Al Fàrisì al-Istakhrì, et Al Idrisi plagieur et plagié à son tour.

Citons encore les nombreuses recherches menées par le laboratoire de UMR Orient et Méditerranée du CNRS sur l'Islam médiéval "Espaces réseaux et pratiques culturelles"http://www.islam-medieval.cnrs.fr/axe_A.php, autour de sources arabes médiévales, des chroniques de voyage, des traités de géographie et des recueils de biographie, ainsi que sur des données archéologiques. Citons encore les travaux sur la correspondance diplomatique dans l'Orient http://www.ifao.egnet.net/axes/relations-conflits/correspondance-diplomatique/, musulman promus par l'Institut français d'archéologie orientale du Caire. 


Al Idrìsi cartographe: le livre de Roger


http://www.youtube.com/watch?v=F3x6twQZlcA







 



mardi 8 mai 2012

L'Egypte et la femme à Rome, Académie d'Egypte le 9 et 10 mai


Dans le cadre de l'Initiative organisée par L'Académie d'Egypte à Rome intitulée "L'Egypte et la femme, voyage au féminin, du présent et passé signalons l'exposition de Laura d'Andrea, dont le vernissage aura lieu le 9 mai 2012.
L'exposition, qui s'intitule "le rêve de l'écriture islamique de l'Egypte à la Méditerranée", présente des oeuvres consacrées à l'art de l'écriture islamique et à l'univers féminin.

L'artiste est née en Sicile et a longtemps vécu au Caire où elle a pu approfondir ses connaissances sur la culture de la Méditerranée. L'Initiative culturelle se poursuit le 10 mai autour de la figure de la femme dans l'art, avec des expositions d'artistes contemporains, de photographes et des exhibitions musicales.




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Francesco Giunta, Sicile et Sikeliotai et Moyen Age Méditerranéen


Francesco Giunta, dans un article intitulé « Sicile, Siciliens, Sicilitude », publié en 1993 dans la revue Autrement, et consacrée à la Sicile, rappelle qu’au moment de la conquête normande, les groupes culturels, religieux et linguistiques présents en Sicile sont bien difficiles à délimiter, comme si l’amalgame des Siciliens avec les peuples conquérants n'avait pu avoir lieu. Lors du processus d’hellénisation de l’île, du VI au IX siècle, les Siciliens sont reconnus comme "Sikeliotai" lorsqu’ils se rendent dans les provinces orientales,  sont nommés comme une population ayant une identité propre.
Les invasions arabes ne touchent profondément que les régions occidentales de l’île. La Sicile orientale, liée à Byzance garde le grec comme langue véhiculaire. Un groupe de langue latine subsiste également.

La réponse à la question autour de l'identité des Sikelotai est dans les nombreux ouvrages que Francesco Giunta a consacré à l'histoire de la Sicile au Moyen Age, ainsi que dans les ouvrages de ses disciples:  citons Méditerranée médiévale, ouvrage collectif consacré à l'auteur, publié en 1989 et qui reprend le titre de son oeuvre de 1954 Moyen Age Méditerranéen; citons l'oeuvre collective qu'Enrico Pispisa, grand admirateur de l'oeuvre de Francesco Giunta, et spécialiste de l'histoire de Sicile publie en son honneur:  Le Moyen Age de Francesco Giunta. 

Citons enfin un ouvrage publié en 2007, Moyen Age méditerannéen, Actes du colloque international organisé à Parme du 21 au 15 septembre 2004, consacré aux relations culturelles et sociales entre l'Occident, Byzance et l'Islam, thème cental de l'oeuvre de Francesco Giunta

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Pays de la Méditerranée: promotion des échanges culturels




Parmi les manifestations culturelles visant à créer des liens entre les "peuples de la méditerranée" qui se tiendront prochainement en Italie.  citons "la semaine de la culture islamique", dont la première édition s'est tenue à Rome, le 23 mai 2011. La manifestation, parrainée comme l’an passé par l'ISESCO, l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture, et organisée par la Municipalité de Rome, en collaboration avec le Centre culturel islamique,  se tiendra cette année à partir du 21 mai prochain dans la ville éternelle. L'objectif de la manifestation est de promouvoir le dialogue entre "les peuples et les différentes cultures vivant dans la capitale". La manifestation prévoit des expositions d'art contemporain et de photographies, des festivals de théâtre et de cinéma, des débats et des tables rondes, dont une importante rencontre d'intellectuels et de chercheurs autour de la figure de la femme, prévue pour le 24 mai prochain. Des concerts de musique "interculturels" seront également à l’affiche.


Les couleurs, les motifs: l'évolution de l'art et l'évolution de la mode arabe avant la lettre




Traces de la culture arabe, "avant la lettre"
 Dans l'ouvrage intitulé Colore e cultura. Usi e significati dall’Antichità all’arte astratta, Istituto Poligrafico e zecca dello Stato (1993), John Cage relève que les motifs et ornements des costumes que portent les personnages des mosaïques de Piazza Armerina, en Sicile (datant du début du IV siècle),  et en particulier, ces motifs qui s’étaient diffusés en Occident au IIIème siècle appelés segmenta, participent, à d'autres moments de l'histoire,  à la diffusion de la mode orientale en Sicile. 


Au sujet des relations entre la culture d’Afrique du Nord et la Sicile, avant la “conquête arabe de l’île”, signalons un article de Mahjoubi Amar intitulé "Découverte d’une nouvelle mosaique à Carthage", publié en 1967 

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L’auteur, corroborant ses remarques d'une importante bibliographie, analyse les scènes de chasse des mosaïques de Carthage, Tunis et d'autres villes d'Afrique du Nord et les confronte avec celles de Piazza Armerina, en Sicile

Mahjoubi Amar soutient la thèse « d’un transfert de motifs de l’Afrique du Nord vers la Sicile, et non inversement »,  thèse qu'il fonde sur l’analyse comparée des « motifs, de l’emploi expressif et la vivacité des coloris des œuvres ».

« La bordure – affirme Mahjoubi Amar - , comme le choix de l’ensemble des motifs, la composition, l’emploi expressif et la vivacité des coloris, les portraits des personnages, tout fait ressortir à quel point les pavements de la villa sicilienne sont étroitement liés au nôtre, et aussi de quelle manière ils prennent place dans le processus d’évolution de l’art de la mosaïque à Carthage et. D’une façon plus générale en Afrique du Nord ».



lundi 7 mai 2012

Arabes et Siciliens : regards croisés de l’histoire à historiographie.


Dans la première partie de son important ouvrage intitulé, Conquérir et gouverner la Sicile islamique aux XI et XII siècles, (Bibliothèque des écoles françaises d’Athène et de Rome Editions Ecole française de Rome, 2011), Annliese Nef s’interroge sur les possibilités de délimiter les populations à une époque donnée.


 

Peut-on encore donner crédit au critère ethnique pour le regroupement des populations, et, le cas échant, quels autres critères –  juridique, religieux, linguistique ou autre – adopter pour cerner des groupes par leur culture commune ?


La question est d’ordre historiographique, parce que la perception des regroupements culturels évolue avec le temps, en fonction des regards portés sur des évènements, regards, toujours déjà culturellement marqués.







Ainsi, la période arabo-musulmane et normande a-t-elle pu être perçue comme un ensemble homogène, comme une seule période d’âge d’or avant le grand déclin qui s’ensuivit. A ce sujet, un colloque important a été organisé en Sicile, à Enna les 19 et 21 décembre 2002 :  « Rappresentazioni e immagini della Sicilia tra storia e storiografia » (Représentation et images de la Sicile, entre l’histoire et historiographie »). Les Actes ont été publiés aux éditions F.Benigno et C.Torrisi, Caltanissetta-Rome, en 2003.

A l’origine de cette évolution de l’historiographie, on peut inscrire l’importance croissante des nouvelles approches des groupes culturels qui se dont développées à partir des années '80. Les contacts entre les groupes sont analysés à partir des relations qu’ils entretiennent à une époque donnée. Le regard de l’historien ne tend plus alors à référer de « la politique vue de haut », de la « politique des grands », mais à dresser un tableau synchronique, des contacts et des conflits entre groupes, dont les frontières culturelles, en raison de la réciprocité des échanges, restent labiles.



De nombreuses recherches récentes visent ainsi à replacer les œuvres des historiens qui se sont penchés sur les traces de la culture arabe en Italie dans leur contexte de production. Le regard que porte Michele Amari, dans son ouvrage magistral  Storia dei Mussulmani di Sicilia, par exemple, a été déterminé par l’impossibilité à laquelle il était confronté, à fin du XIX siècle, d’affirmer que les Siciliens pouvaient avoir été assimilés à la culture arabe.


C’est pour cette raison également qu’il soutiendra la thèse, qui circule encore dans les débats sur le sujet, que les Normands ont pu conquérir la Sicile parce que la présence des Arabes n’aurait été qu’éphémère. Cette thèse a donné lieu, enfin, à toute une mythologie de la « Sicilitude », l’identité sicilienne, qui restée intègre au fil des siècles, malgré les dominations étrangère qui se sont succédées sur l’île.






Un autre exemple de construction savante historiquement déterminée nous est offert par Henri Bresc, dans un article publié dans l’ouvrage intitulé Maghreb-Italie, Des passeurs médiévaux à l’orientalisme (XIIIème-milieu du XXème siècle) et intitulé « De l’abbé Vella à l’histoire romantique : Sicile de synthèse et Islam imaginaire ». L’abbé Vella, de 1789 à 1794, au service d’un despote illuminé, répond dans son Codice diplomatico « aux besoins idéologiques de la Sicile des Lumières », Il présente la Sicile de l’époque de l’Islam médiéval comme une terre fertile, une terre de l’abondance et de la tolérance politique, « le prototype du despotisme éclairé pour qui travaillait l’abbé Vella ». 

Il faut alors poser cette question cruciale - qui rebondit dans toutes les disciplines désormais, depuis la sociologie, avec le débat animé entre constructivistes, ethnométhodologues et analystes de la conversation, jusqu’en littérature, en ethnographie, en anthropologie, voire en didactique des langues - de la conformité des descriptions à la réalité des faits suivant les contextes. Le travail analytique s'attache à définir également, dans les différentes disciplines, la notion même de contexte. C’est bien cette même question qui traverse l’ouvrage d’Analise Nef  « Repris dans un contexte qui n’est pas celui de son élaboration première, un élément change-t-il de sens ? Qu’en est-il par exemple de la jiziya ou taxe de capitation levée sur les non-musulmans en Islam, mais appliquée aux musulmans dans la Sicile du XIIème siècle ? des titulatures en arabe des souverains siciliens ? d’une iconographie islamique dans un lieu de culte chrétien ? » (p.13)

Ainsi, dans leur tentative de délimiter des populations sur la base de critères sociaux, religieux, linguistiques ou autre, les chercheurs devront considérer la complexité du réel dont les frontières possibles, imaginables à rebours, restent floues. On ne pourra remédier à cette impasse qu’en prenant en compte un nombre important de sources, de manières à croiser les regards sur une même matérialité multiforme.



Mode et couleurs de l’Islam


Signalons l’ouvrage du critique d'art John Cage, intitulé Colore e cultura. Usi e significati dall’Antichità all’arte astratta, IstitutoPoligrafico e zecca dello Stato, 1993.




Dans un chapitre entièrement consacré aux « couleurs de l’Islam », l’auteur soutient la thèse que la vivacité des couleurs que l’on reconnaît dans les œuvres byzantines est due essentiellement à l’importance « des parures»
File:Empress Theodora.jpg




Les rois mages de l’église San Apollinare Nuovo, à Ravenne, qui présentent des Vierges vêtues de dalmatiques fleuries, sont représentés également sur le manteau de l’impératrice Théodora dans la mosaïque de San Vitale. 





Les images de ces vêtements témoigneraient de l’influence croissante de la mode orientale en Occident du VI au IX siècle.

File:Theodora mosaik ravenna.jpg





À Palerme, en 1185 - nous raconte John Cage -  le voyageur Ibn Jobair observait que les femmes chrétiennes portaient des tissus orientaux, des voiles multicolores, et des écharpes brodées d’or, et qu’elles se parfumaient et se paraient « comme des femmes musulmanes ».  

Il y aurait par ailleurs différentes manières d’apprécier les couleurs et les tonalités chromatiques en Orient et en Occident, l’esthétique orientale étant bien différente de celle qui s’était développée en Occident jusqu’au VIIème siècle, avant la diffusion de l’Islam. Dans le chapitre intitulé les « couleurs de l’Islam », John Cage développe d'intéressantes observations sur les différences entre le jaune safran et l’or, qui permettent d'appréhender l’art du tissu et sa diffusion à partir du VII siècle en Occident. 

L’auteur s'attache à décrire enfin « la structure terminologique » des couleurs au fil des siècles en Orient et en Occident et les différentes manières, culturellement marquées, de considérer le clair et l’obscur, la tonalité, ou le rôle de la lumière dans la mystique Islamique et Chrétienne.


Les références à Aristote, Ptolomée, mais encore à Alhazen, un écrivain médiéval, autour du thème du phénomène optique lié aux théories de la perception, nous permettent de saisir la profondeur d'un débat à la lisère de disciplines autrefois confondues.


La langue arabe, un jeu d’enfant


Un jeu d’enfant d'émigrés sur les plages de Sicile : prendre l’accent des autres, là où ils vivent l'hiver : l’accent américain, l’accent arabe, l’accent romain de Rome, l’accent allemand, l’accent du nord de l’Italie… Et encore, retrouver ou faire semblant que certaines expressions sont d’ailleurs. Ainsi « Tala che m’accattai », dit très rapidement « Regarde ce que je viens de m’acheter », ressemble à de l'arabe, ou à de l'anglais, ou à un dialecte du nord de l'Italie, mais n'est pas de l'italien. 
La réalité :
Bagghiu (bahah) – cour intérieure, la cour intérieure, avec l’énorme eucalyptus qui perd ses feuilles l’été et parfume l’air.
Burnia (burniya) –  la jarre qui trône dans la cour intérieure.
Cafisu – (quafiz) – unité de mesure pour l’huile, et qui n’est pas la même déjà dans la ville d’à côté.
Carrubba – (harrub)- ce fruit du carrubo, qui est resté dans la mémoire des anciens du village, comme leur sucrerie préférée, pendant les années de guerre.
Favara – Le source où l’on se retrouve.
Giuggiulena (giulgiulan) – graine de sésame, sur le pain, à manger en premier.
Mischino (Miskin) – le pauvre, pauvre petit, que les grands-mères disaient aux mères pour qu’elles pardonnent.
Zibibbo (zabib) – raisin, très doux, très cher, à goûter profondément.
Et encore taliari (talaya), regarder, et observer. Talìa, regarde, en appuyant bien sur le i et en indiquant 
du doigt.



Pour aller plus loin :
-      
Vàrvaro Alberto, lingua e storia di Sicilia, 1981, Palermo
-       Ibid., La parola nel tempo : Lingua, società et storia, 1984, Il Mulino
-       Scholz Arno, Gli arabismi siciliani : prospetto riassuntivo dei principali studi, in Lüdte, 1996, 169-189.
-       Mancini, Marco, « La cultura araba », in Cavallo, Guglielmo/Leonardi, Claudio/Menestò Enrico (eds), Lo spazio letterario nel Medioevo, volI, Roma 1992, 199-217
-       Caracausi, Girolamo, Arabismi medievali di Sicilia, Palermo 1983