mercredi 4 juillet 2012
lundi 18 juin 2012
Le rêve méditerranéen
L'histoire de la Sicile, l'amitié entre des artistes et des intellectuels à partir des années '50, le projet de la Sicile comme "île-oasis", au centre du dialogue interculturel entre les peuples de la méditerranée.
dimanche 17 juin 2012
Alcamo et Calatubo
Alcamo ou Alqamah, une revue aujourd'hui.
ou Alkamak , avec ses quartiers musulmans et ses quartiers chrétiens, nom retrouvé dans des documents historiques.
Manzil (hameau –
halte) al Qam (Plante dicotylédone méditerranéenne aux fruits amers et très
toxiques)
pour d’autres ce nom se réfère à ‘Abd Allah al-Qam, valeureux
condottiere qui mit en déroute les troupes byzantines durant l’avancée des
musulmans et fonda sur le Mont Bonifato un château et un village fortifié, Alcamo, important à l'époque de la domination arabe de la Sicile musulmane (à ce sujet, un très bel article d'Henri Bresc).
La ville a été mentionnée par
al-Idrisi au XII siècle et par Ibn Jubayr en 1182.
Les vignes, la Sicile.
la Sicile occidentale, histoire, géographie et archéologie. Un article de Henri Bresc et Geneviève Bresc Segestes médiévales: Calathamet, Clatabarbaro, Calatafimi, 1977, habitat principal et secondaire, toponymie, topographie et onomasique: legs de l'antiquité et du monde arabo-byzantin, du monde rural des serfs arabo-musulmans et de la noblesse foncière, jusqu'à la "grande terre" de Frederic II.
Tout près de Alcamo, Calatubo
« Calatubo
est une vigoureuse forteresse et un gros village, (pourvu) d’un vaste
territoire, propice aux semailles et très productif. Il est situé à quelques
milles environ de la mer ; il possède un port dans lequel on charge une
grande quantité de semailles de froment ainsi que d’autres céréales »
(Amari, 1880-81)
Calatubo, site connu à
l’époque arabe sous le nom de Qal’at Awib, et à l’époque du comté, normand sous
le nom de Calatub (document de 1093) et de Calathubi (document de 1110)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1998_num_110_2_3650
Trames Méditerranéennes: un musée à Gibellina
Le Musée des Trames Méditerranéennes recueille des costumes, des tissus, des céramiques et des objets d'arts des peuples et des cultures de la méditerranée.
Le musée a été institué suite à des années de recheches, de rencontres de séminaires promus par la Fondation Orestiadi. "Il donne au visteur l’impression de se sentir dans un seul grand Pays” affirme Ludovico Corrao, qui a participé à la réalisation de cet espace en 1996. “Il permet” – pousuit-il “de relier les trames et les tissus avec des fils de couleurs et de provenance différentes et de confronter l’enchevêtrement de langages différents dans le but de retracer l’unité des cultures du bassin de la Méditerranée".
Le critère de présentation des oeuvres ne privilégie pas l’aspect chronologique, géographique ou typologique. Il s'agit de relever les traces communes, des ressemblances entre les objets.
Le musée a été institué suite à des années de recheches, de rencontres de séminaires promus par la Fondation Orestiadi. "Il donne au visteur l’impression de se sentir dans un seul grand Pays” affirme Ludovico Corrao, qui a participé à la réalisation de cet espace en 1996. “Il permet” – pousuit-il “de relier les trames et les tissus avec des fils de couleurs et de provenance différentes et de confronter l’enchevêtrement de langages différents dans le but de retracer l’unité des cultures du bassin de la Méditerranée".
Le critère de présentation des oeuvres ne privilégie pas l’aspect chronologique, géographique ou typologique. Il s'agit de relever les traces communes, des ressemblances entre les objets.
Le Musée propose également des des expositions ponctuelles, des ateliers pédagogiques et une section
« art contemporain».
Une importante bibliothèque abride environ 10.000 oeuvres sur le sujet, dont des ouvrages d'archéologie très prisés.
Gibellina, la ville, est déjà un musée.
mardi 22 mai 2012
Les thermes de Cefalà Diana, à Gibellina
Les thermes de Cefalà Diana.
Bernardo Giannone, du Centre experimental de cinématographie de Sicile a réalisé un reportage intitulé Cefalà Diana sur les thermes arabo-normannes en Sicile. Ce travail a été mené en collaboration avec Alessandra Bagnera, Giuseppe Barbera, Roberta Giunta et Alessandra Molinari, des chercheurs s'interessant à la période historique allant de 827, date du début de la conquête arabe de l'île avec le débarquement à Mazara jusqu'à 1040, date qui marque la fin de l'apogée du règne des Kalbites. L'importante exposition de Gibellina s'intitule "l'Islam en Sicile, un jardin entre deux civilisations".
Bernardo Giannone, du Centre experimental de cinématographie de Sicile a réalisé un reportage intitulé Cefalà Diana sur les thermes arabo-normannes en Sicile. Ce travail a été mené en collaboration avec Alessandra Bagnera, Giuseppe Barbera, Roberta Giunta et Alessandra Molinari, des chercheurs s'interessant à la période historique allant de 827, date du début de la conquête arabe de l'île avec le débarquement à Mazara jusqu'à 1040, date qui marque la fin de l'apogée du règne des Kalbites. L'importante exposition de Gibellina s'intitule "l'Islam en Sicile, un jardin entre deux civilisations".
La Sicile, "jardin entre deux civilisations"
Le MeLa, European Museums in an age of migrations a organisé une importante exposition
Gibellina, intitulée: "L'Islam en Sicile, un jardin entre deux civilisations", organisée en collaboration avec l'Istitut de la Haute Culture Fondation Orestiadi et parrainée par le Ministère des Affaires Etrangères italien, la Région de Sicile et la Municipalité de la ville de Gibellina.
L'exposition est centrée sur les thèmes suivants: "l'héritage classique arabe", présenté par l'archéologue Alessandra Bagnera, la continuité des rapports artistiques et culturels entre la Sicile et le monde islamique, par Enzo Fiammetta, les traces "antropologiques" (Antonio Cusumano et Giuseppe Aiello) et l'art contemporain (Achille Bonito Oliva)
Les visiteurs peuvent participer à des ateliers de théâtre, assister à des représentations et à des scéances de présentation de documents-vidéos.
Le programme de l'expositionhttp://www.mela-project.eu/upl/cms/attach/20120514/233336637_3102.pdf
"Respect" vs "Tolérance".
Hubert Houben, grand chercheur médiéviste, dans un article publiée pour la revue "Stupomundi", nous invite à revister le concept de "tolérance" tel qu'il pouvait être décliné au Moyen Age.
Tolérance, respect, protéction et "gizya"
"Tolérance", en effet, "est un terme moderne, qui a une histoire complexe, mais qui ne remonte pas au Moyen Age, au contraire (...) il est tout à fait inaproprié pour l'époque en question. Ce concept - poursuit l'auteur - est né suite à la réforme protestante, au début du XVIème siècle, a été repris ensuite durant le siècle des Lumières, en particulier par John Locke dans son Essay Concerning Toleration publié en 1667 et acquiert le sens de "liberté d'opinion", d'opinion religieuse. "Le concept moderne de tolérance religieuse présuppose des concepts comme la dignité intellectuelle, la liberté de la personne, et le droit à la conscience individuelle qui au Moyen Age ne s'étaient pas encore développés. Au Moyen Age "tolérance religieuse" peut donc être compris uniquement au sens d'une "tolérance effective" (...) Cela n'est pas valable uniquement pour le Moyen Age chrétien, mais aussi pour les régions dominées par l'Islam, où Juifs et Chrétiens pouvaient garder leur foi, mais avec un rabaissement subséquent dans un rôle juridiquement et socialement subalterne". Les "protégés", en effet, devaient payer des impots particuliers, parmi lesquels le fameux "gizya".
A travers l'analyse de récits de chroniqueurs, dont Gamal as Din Ibn Wasil (XIIIè siècle), de témoignages (récit de l'évèque Giovanni di Catane en 1168, les récits de Ibn Nazìf et de Matteo Paris), Hubert Houben décèle dans les comportements de Roger II et de Frédéric II, les germes du concept de "tolérance": ces hommes ont été en effet les promoteurs d'un "respect" interreligieux entre les différentes communautés religieuses qui a jeté les base du concept de "tolérance", plus tardif, entre les trois religions monotéistes nées sur le rives de la Méditerranée.
Tolérance, respect, protéction et "gizya"
"Tolérance", en effet, "est un terme moderne, qui a une histoire complexe, mais qui ne remonte pas au Moyen Age, au contraire (...) il est tout à fait inaproprié pour l'époque en question. Ce concept - poursuit l'auteur - est né suite à la réforme protestante, au début du XVIème siècle, a été repris ensuite durant le siècle des Lumières, en particulier par John Locke dans son Essay Concerning Toleration publié en 1667 et acquiert le sens de "liberté d'opinion", d'opinion religieuse. "Le concept moderne de tolérance religieuse présuppose des concepts comme la dignité intellectuelle, la liberté de la personne, et le droit à la conscience individuelle qui au Moyen Age ne s'étaient pas encore développés. Au Moyen Age "tolérance religieuse" peut donc être compris uniquement au sens d'une "tolérance effective" (...) Cela n'est pas valable uniquement pour le Moyen Age chrétien, mais aussi pour les régions dominées par l'Islam, où Juifs et Chrétiens pouvaient garder leur foi, mais avec un rabaissement subséquent dans un rôle juridiquement et socialement subalterne". Les "protégés", en effet, devaient payer des impots particuliers, parmi lesquels le fameux "gizya".
A travers l'analyse de récits de chroniqueurs, dont Gamal as Din Ibn Wasil (XIIIè siècle), de témoignages (récit de l'évèque Giovanni di Catane en 1168, les récits de Ibn Nazìf et de Matteo Paris), Hubert Houben décèle dans les comportements de Roger II et de Frédéric II, les germes du concept de "tolérance": ces hommes ont été en effet les promoteurs d'un "respect" interreligieux entre les différentes communautés religieuses qui a jeté les base du concept de "tolérance", plus tardif, entre les trois religions monotéistes nées sur le rives de la Méditerranée.
dimanche 20 mai 2012
Médecine arabe en Italie
L'école médicale de Salerne, fondée au XIè siècle formait les savants du monde entier. Elle constituait un centre de transmission des savoirs dans les domaines de la médecine, de la philosophie, de l'astrologie, des mathématiques et des sciences.
Nous présentons un article rédigé en français par Alberto Gentile, le promoteur de le revue Stupomundi, ici en version française
Ecole médicale de Salerne
Les travaux de l'association Ermes, Education et Recherche Médicale de Salerne
Le musée virtuel de l'école médicale de Salerne du Ministère pour les Biens Culturels et les Activités Culturelles en Italie
La fondation de l'école médicale de Salerne, en relation étroite avec l'Ordre des Médecins, l'Université de Salerne et la Municipalité de la ville de Salerne.
Citons encore:
Roshdi Rashed (ed), Histoire des sciences arabes, Paris Seuil, 1997. Trois tomes
Danielle Jacquart et Françoise Micheau, La médecine arabe et l'Occident médiéval, Maisonneuve et Larose, 1990
Danielle Jacquart, L'épopée de la science arabe, Découvertes, Gallimard, 2005
Pays d'Islam et monde latin, Xè-XIIIè siècle: textes et documents, Lyon, Pul 2000.
Dialogues et spiritualité autour de la Méditerranée
Questions juridiques et dialogue interculturel
Réflexion sur les droits humains dans les Pays de la Méditerranée dans le but de promouvoir une conscience comune de la necessité d'un dialogue multiculturel, dans le respect des différences.
Mohammed Arkoun réfléchit sur les visions culturelles qui ont dans le temps "enfermé" les textes sacrés dans des savoirs théologiques canonisés. Il retrace les cadres intellectuels déterminés par une vision ethnocentriste qui ont empêché le dialogue interreligieux et la redistribution des savoirs "autres". L'objectif est de promouvoir une recherche scientifique commune, interreligieuse, juridique, et scientifique entre les populations des différentes rives de la Méditerranée.
L'auteur propose donc une "archéologie des savoirs et des discours, et retrace les statifications succéssives des interprétations historiquement marquées des textes sacrée. Il ébauche ainsi une une critique "de la raison juridique" des mouvements culturels et des religions. L'objectif d'une approche comparative du savoir, à travers l'étude des législations des Pays de la Méditerranée est de comprendre comment "l'espace méditerranéen peut dépasser les clivages idéologiques qui continuent de nourrir des guerres civiles à l'intérieur de plusieurs sociétés et surtout de bloquer une politique de remembrement culturel et d'intégration économique de la sphère géohistorique euro-méditerranéenne" (p.73)
Dialogue interreligieux autour de la Méditerranée
Pierre Teilhard de Chardin et http://www.youtube.com/view_play_list?p=8337414531B3FEADa élaboré le concept d'amour cosmique, l'homme est un "instrument de l'amour qui "meut le soleil et les autres étoiles". Cette conception de l'amour possible comme ouverture à l'autre et à travers l'autre à l'Esprit est à la base des travaux théologiques visant à favoriser le dialogue interreligieux.
Charles de Foucauld est auteur important au centre des études et des recherches spirituelles des communautés religieuses qui essayent de vivre l'amour cosmique et le partage des expériences mystiques interreligieuses.
Raimon Panikkar, une autre figure emblématique d'un courant religieux qui fonde un terrain de partage des acquis spirituels de l'Orient et de l'Occident.
Edizioni Cipax:
Promotion du dialogue interreligieux et des traces de la culture arabe en Italie:
- Association Cipax (Italie)
Premier forum mondial islamo-catholique
Adnane Mokrani: "le dialogue interreligieux comme chemin spirituel"
Dialogue interreligieux monacal
Des hommes et des prophètes: une émission à la radio
Equilibre entre les religions: une conférence de Vito Mancuso. Vito Mancuso
Equilibre entre les religions: une conférence de Vito Mancuso. Vito Mancuso
Des revues de Méditerranée
http://diwan.hypotheses.org/258
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CERAMIQUES ISLAMIQUES
qui présente les articles suivants:
Céramique islamique, un programme de recherche
Avec des articles de Alessandra MOLINARI, Roland-Pierre GAYRAUD, Caterina Maria COLETTI
Alessandra MOLINARI, La ceramica altomedievale nel Mediterraneo occidentale isla-
mico: uno sguardo dalla «periferia» ...............................................
Roland-Pierre GAYRAUD, D’est en ouest, la céramique islamique.......................
ficie: il programma italo-marocchino di ricerche archeologiche nel Rif ........
Caterina Maria COLETTI , I problemi dello studio delle ceramiche da ricerche di super
Bargello Coppa fatimide
samedi 19 mai 2012
Cuisine arabe en Italie
http://pimentvert.edu.glogster.com/traces-de-la-cuisine-arabe-en-italie/
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Al Idrìsi: la géographie d'Occident en langue arabe
Une grande exposition en France a été organisée par la Bibliothèque Nationale le grand géographe sicilen (?) de langue arabe.
Le site: Exposition
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Source importante
pour l’analyse des traces de la culture arabe. Al Idrìsi, géographe "sicilen" de langue arabe.
Annaliese Nef, dans son article intitulé "Al-Idrisi : un complément d’enquête bibliographique" publié dans l'ouvrage collectif dirigé par Henri Brec et d’Emmanuelle Tixier
du Mesnil (PUP, 2010) Géographes et voyageurs au Moyen Age, reprend des études récentes qui attesteraient
des liens étroits entre le géographe et la Sicile qu’un autre auteur, Jeremy
Johns rejette.
Contrairement à grand nombre de chercheurs, Annaliese Nef soutient, documents à l'appui, que le géographe, est né en Sicile, à Mazara. Il y a reçu une "éducation sicilienne", ce qui expliquerait pourquoi il n'est pas cité dans les sources en langue arabe. Si on ne connaît toujours pas la date de son départ définitif de l’île, il est attesté toutefois qu'al-Idrìsi a continué à travailler en Sicile après la
mort de Roger II, à l’époque de la dynastie des Hauteville. Il aurait également
composé un ouvrage, intitulé Rawd al-uns
wa-nuzhat al-nafs (le jardin de l’amitié et le divertissement de l’âme)
pour Guillaume Ier, le fils de Roger II. La date de la mort de l’auteur reste incertaine. Sur ces nouvelles données biographiques se sont penchés un grand nombre de chercheurs, parmi lesquels Adalgisa de Simone, auteur par ailleurs d'un ouvrage important cosacré aux géographes au Moyen Age et intitulé L'immagine araba di Roma. I geografi del Medioevo (secoli IX-XV) (Pàtron editore 2002)
Annelise Nef conclut son article en affirmant que même s’il se dégage une image floue des origines exactes du géographe-poète, l'enquête biographique n’est pas motivée par « la volonté d’assigner une identité quelconque à al-Idrìsi» mais « vise à contextualiser, d’un point de vue culturel et intellectuel, son œuvre ». Déjà dans l'introduction à l'ouvrage publié en 1999 avec Henri Bresc chez Flammarion, intitulé Idrisi La première géographie de l’Occident, l'auteur s'attachait à repérer des éléments importants de la biographie de l'auteur. Ainsi, les sources qui ont pu servir à l'élaboration de l'oeuvre imposante d'Al Idrisi - des rapports des missionnaires et des archives du Palais Royal - expliqueraient la précision avec laquelle sont décrits certains lieux ou frontières, précision parfois déroutante pour les historiographes. Al Idrisi, en effet, avait accès à ces sources directement, parce que la langue de la culture et de l'administration de l'époque est encore l'arabe. Le choix de la langue en effet, "est éminemment politique" nous rappelle Anneliese Nef.
Il faut comprendre que l'oeuvre du géographe constitue une "élaboration idéologique", au service de souverains: « Idrìsi" - précise Annaliese Nef - "met cette œuvre au service intellectuel d’une dynastie appelée – par Dieu – à
prolonger les efforts des califfes abbyssides : Palerme est appelée à
devenir le relais de Bagdad et le pôle savant d’un monde sans frontières, à
cheval sur la Méditerranée, comme l’est le pouvoir des Normands".
Dans ce contexte, la langue arabe jouait un rôle fédérateur en Sicile: "l’arabe fournissait encore le principe d’unité, de continuité avec le passé, et une culture épanouie. La géographie, maîtrise intellectuelle du monde, renouait avec la grandeur abasside et affirmait pleinement en arabe la gloire d’une terre sicilienne riche et pacifiée, d’une famille conquérante et sage et d’un prince serviteur du savoir".
Dans ce contexte, la langue arabe jouait un rôle fédérateur en Sicile: "l’arabe fournissait encore le principe d’unité, de continuité avec le passé, et une culture épanouie. La géographie, maîtrise intellectuelle du monde, renouait avec la grandeur abasside et affirmait pleinement en arabe la gloire d’une terre sicilienne riche et pacifiée, d’une famille conquérante et sage et d’un prince serviteur du savoir".
A travers son oeuvre de géographe, Al Idrìsi répond à un projet politique précis, qui est d'introduire un "volet européen" dans le vaste champs des travaux produits en Afrique du Nord, en langue arabe, en matière de géographie.
Les textes sur you tube en français:
http://www.youtube.com/watch?v=5S5MgYdOa3I
Les textes sur you tube en français:
http://www.youtube.com/watch?v=5S5MgYdOa3I
Emmanuelle
Tixier du Mesnil dans son introduction à l'ouvrage collectif cité Géographes
et voyageurs au Moyen Age analyse les différentes formes d'écriture à travers lesquelles les géographes
représentent le monde au Moyen Age: « Razi
(X è siècle) fait ressortir l’Espagne de l’ombre, Warraq et Bakri (XIè siècle)
dévoilent le Maghreb, Idrisi, un siècle plus tard, fait découvrir l’Occident
latin. La description de la partie occidentale du dar al-islam est donc le
préalable à un agrandissement du champ des investigations géographiques :
le pivot depuis lequel la géographie s’écrit, translaté depuis l’Orient, permet
de s’intéresser de plus près à un monde latin et chrétien en plein réveil et qui avait jusque là été ignoré". Ainsi le travail de ces géographe témoigne d'un "basculement du rapport de forces dans le monde
méditerranéen ".
Peu importe alors si les géographes "figent des frontières qui n’existent plus". "Les toponymes
sont désormais moins les points de carte, que les points d’ancrage d’une
géographie nostalgique des lieux de mémoire ». Les terres de Sicile par
exemple, sont placées dans les ouvrages du XIè siècle dans le domaine de
l’Islam, alors que dans la réalité elles ont été perdues.
Henri Bresc dans ce même ouvrage montre comment Al-Idrisi innove au niveau du genre du récit géographique. Il brise
le classement par Pays (mamlaka), et représente la réalité géographique à travers de nouveau critères d'homogéneité que sont les limites des climats et des méridiens.
Parmi les oeuvres sur les géographes voyageurs, en en partirculier sur Al Idrisi, publiées en Italie citons le travail de Salvatore Maria Sergio, Viaggiatori, medici e letterati arabi a
Napoli e nel Mezzogiorno, Napoli, Colonnese, 1992. L'auteur nous rappelle que la notion d'auteur est encore étrangère à la culture arabe médiévale. Poètes et
Voyageurs, hommes de Lettres et Savants semblent partager un savoir commun à tous: sur les œuvres d’autres, tout un chacun est autorisé à exercer des "variations sur le thème". La reprise d’une œuvre contribue plutôt à sa renommée, elle
est également l’indice de son succès. Elle est le fruit
d’une expérience personnelle, unique, philosophique et spirituelle qui s'insère dans un tout. Il s'agit alors pour le chercheur de retouver ces formes de plagiat: Ibn
Hawqal plagieur de Al Fàrisì al-Istakhrì, et Al Idrisi plagieur et plagié à son tour.
Citons encore les nombreuses recherches menées par le laboratoire de UMR Orient et Méditerranée du CNRS sur l'Islam médiéval "Espaces réseaux et pratiques culturelles"http://www.islam-medieval.cnrs.fr/axe_A.php, autour de sources arabes médiévales, des chroniques de voyage, des traités de géographie et des recueils de biographie, ainsi que sur des données archéologiques. Citons encore les travaux sur la correspondance diplomatique dans l'Orient http://www.ifao.egnet.net/axes/relations-conflits/correspondance-diplomatique/, musulman promus par l'Institut français d'archéologie orientale du Caire.
Al Idrìsi cartographe: le livre de Roger
http://www.youtube.com/watch?v=F3x6twQZlcA
Al Idrìsi cartographe: le livre de Roger
http://www.youtube.com/watch?v=F3x6twQZlcA
mardi 8 mai 2012
L'Egypte et la femme à Rome, Académie d'Egypte le 9 et 10 mai
Dans le cadre de l'Initiative organisée par L'Académie d'Egypte à Rome intitulée "L'Egypte et la femme, voyage au féminin, du présent et passé signalons l'exposition de Laura d'Andrea, dont le vernissage aura lieu le 9 mai 2012.
L'exposition, qui s'intitule "le rêve de l'écriture islamique de l'Egypte à la Méditerranée", présente des oeuvres consacrées à l'art de l'écriture islamique et à l'univers féminin.
L'artiste est née en Sicile et a longtemps vécu au Caire où elle a pu approfondir ses connaissances sur la culture de la Méditerranée. L'Initiative culturelle se poursuit le 10 mai autour de la figure de la femme dans l'art, avec des expositions d'artistes contemporains, de photographes et des exhibitions musicales.
L'exposition, qui s'intitule "le rêve de l'écriture islamique de l'Egypte à la Méditerranée", présente des oeuvres consacrées à l'art de l'écriture islamique et à l'univers féminin.
L'artiste est née en Sicile et a longtemps vécu au Caire où elle a pu approfondir ses connaissances sur la culture de la Méditerranée. L'Initiative culturelle se poursuit le 10 mai autour de la figure de la femme dans l'art, avec des expositions d'artistes contemporains, de photographes et des exhibitions musicales.
Francesco Giunta, Sicile et Sikeliotai et Moyen Age Méditerranéen
Francesco Giunta,
dans un article intitulé « Sicile, Siciliens, Sicilitude »,
publié en 1993 dans la revue Autrement, et consacrée à la Sicile, rappelle qu’au moment de la conquête normande, les
groupes culturels, religieux et linguistiques présents en Sicile sont bien
difficiles à délimiter, comme si l’amalgame des Siciliens avec les peuples
conquérants n'avait pu avoir lieu. Lors du processus d’hellénisation de l’île,
du VI au IX siècle, les Siciliens sont reconnus comme "Sikeliotai" lorsqu’ils se
rendent dans les provinces orientales, sont nommés comme une population ayant une identité propre.
Les invasions arabes ne touchent profondément que les régions occidentales de l’île. La Sicile orientale, liée à Byzance garde le grec comme langue véhiculaire. Un groupe de langue latine subsiste également.
La réponse à la question autour de l'identité des Sikelotai est dans les nombreux ouvrages que Francesco Giunta a consacré à l'histoire de la Sicile au Moyen Age, ainsi que dans les ouvrages de ses disciples: citons Méditerranée médiévale, ouvrage collectif consacré à l'auteur, publié en 1989 et qui reprend le titre de son oeuvre de 1954 Moyen Age Méditerranéen; citons l'oeuvre collective qu'Enrico Pispisa, grand admirateur de l'oeuvre de Francesco Giunta, et spécialiste de l'histoire de Sicile publie en son honneur: Le Moyen Age de Francesco Giunta.
Les invasions arabes ne touchent profondément que les régions occidentales de l’île. La Sicile orientale, liée à Byzance garde le grec comme langue véhiculaire. Un groupe de langue latine subsiste également.
La réponse à la question autour de l'identité des Sikelotai est dans les nombreux ouvrages que Francesco Giunta a consacré à l'histoire de la Sicile au Moyen Age, ainsi que dans les ouvrages de ses disciples: citons Méditerranée médiévale, ouvrage collectif consacré à l'auteur, publié en 1989 et qui reprend le titre de son oeuvre de 1954 Moyen Age Méditerranéen; citons l'oeuvre collective qu'Enrico Pispisa, grand admirateur de l'oeuvre de Francesco Giunta, et spécialiste de l'histoire de Sicile publie en son honneur: Le Moyen Age de Francesco Giunta.
Citons enfin un ouvrage publié en 2007, Moyen Age méditerannéen, Actes du colloque international organisé à Parme du 21 au 15 septembre 2004, consacré aux relations culturelles et sociales entre l'Occident, Byzance et l'Islam, thème cental de l'oeuvre de Francesco Giunta
Pays de la Méditerranée: promotion des échanges culturels
Parmi les manifestations culturelles visant à créer des liens entre les
"peuples de la méditerranée" qui se tiendront prochainement en Italie. citons "la
semaine de la culture islamique", dont la première édition s'est tenue à
Rome, le 23 mai 2011. La manifestation, parrainée comme l’an passé par l'ISESCO, l’Organisation islamique
pour l’éducation, les sciences et la culture, et organisée par la Municipalité de
Rome, en collaboration avec le Centre culturel islamique, se tiendra cette année à partir du 21 mai prochain dans la ville éternelle. L'objectif de la manifestation est de promouvoir le dialogue entre "les peuples et les différentes cultures vivant dans la capitale". La manifestation prévoit des expositions d'art
contemporain et de photographies, des festivals de théâtre et de cinéma, des
débats et des tables rondes, dont une importante rencontre d'intellectuels et
de chercheurs autour de la figure de la femme, prévue pour le 24 mai prochain. Des concerts
de musique "interculturels" seront également à l’affiche.
Les couleurs, les motifs: l'évolution de l'art et l'évolution de la mode arabe avant la lettre
Traces de la culture arabe, "avant la lettre"
Dans l'ouvrage intitulé Colore e cultura. Usi e significati dall’Antichità all’arte astratta, Istituto Poligrafico e zecca dello Stato (1993), John Cage relève que les motifs et ornements des costumes que portent les personnages des mosaïques de Piazza Armerina, en Sicile (datant du début du IV siècle), et en particulier, ces motifs qui s’étaient diffusés en Occident au IIIème siècle appelés segmenta, participent, à d'autres moments de l'histoire, à la diffusion de la mode orientale en Sicile.
Au sujet des relations entre la culture d’Afrique du Nord et la Sicile, avant la “conquête arabe de l’île”, signalons un article de Mahjoubi Amar intitulé "Découverte d’une nouvelle mosaique à Carthage", publié en 1967
.
L’auteur, corroborant ses remarques d'une importante
bibliographie, analyse les scènes de chasse des mosaïques de Carthage, Tunis
et d'autres villes d'Afrique du Nord et les confronte avec celles de Piazza
Armerina, en Sicile
Mahjoubi Amar soutient la thèse « d’un transfert de
motifs de l’Afrique du Nord vers la Sicile, et non inversement »,
thèse qu'il fonde sur l’analyse comparée des « motifs, de l’emploi
expressif et la vivacité des coloris des œuvres ».
« La bordure – affirme Mahjoubi Amar - , comme le
choix de l’ensemble des motifs, la composition, l’emploi expressif et la
vivacité des coloris, les portraits des personnages, tout fait ressortir à quel
point les pavements de la villa sicilienne sont étroitement liés au nôtre, et
aussi de quelle manière ils prennent place dans le processus d’évolution de
l’art de la mosaïque à Carthage et. D’une façon plus générale en Afrique du
Nord ».
lundi 7 mai 2012
Arabes et Siciliens : regards croisés de l’histoire à historiographie.
Dans la première
partie de son important ouvrage intitulé, Conquérir
et gouverner la Sicile islamique aux XI et XII siècles, (Bibliothèque des
écoles françaises d’Athène et de Rome Editions Ecole française de Rome, 2011), Annliese
Nef s’interroge sur les possibilités de délimiter les populations à une époque donnée.
Peut-on encore
donner crédit au critère ethnique pour le regroupement des populations, et, le
cas échant, quels autres critères –
juridique, religieux, linguistique ou autre – adopter pour cerner des
groupes par leur culture commune ?
La question est d’ordre historiographique, parce que la perception des regroupements culturels évolue avec le temps, en fonction des regards portés sur des évènements, regards, toujours déjà culturellement marqués.
Ainsi, la période
arabo-musulmane et normande a-t-elle pu être perçue comme un ensemble
homogène, comme une seule période d’âge d’or avant le grand déclin qui s’ensuivit.
A ce sujet, un colloque important a été organisé en Sicile, à Enna les 19 et 21
décembre 2002 : « Rappresentazioni e immagini della Sicilia tra storia e
storiografia » (Représentation et images de la Sicile, entre l’histoire et
historiographie »). Les Actes ont été publiés aux éditions F.Benigno et C.Torrisi,
Caltanissetta-Rome, en 2003.
A l’origine de
cette évolution de l’historiographie, on peut inscrire l’importance croissante
des nouvelles approches des groupes culturels qui se dont développées à partir des années '80. Les contacts entre les groupes sont analysés
à partir des relations qu’ils entretiennent à une époque donnée. Le regard de
l’historien ne tend plus alors à référer de « la politique vue de haut »,
de la « politique des grands », mais à dresser un tableau
synchronique, des contacts et des conflits entre groupes, dont les frontières culturelles,
en raison de la réciprocité des échanges, restent labiles.
De nombreuses
recherches récentes visent ainsi à replacer les œuvres des historiens qui se
sont penchés sur les traces de la culture arabe en Italie dans leur contexte de
production. Le regard que porte Michele Amari, dans son ouvrage magistral Storia dei Mussulmani di Sicilia, par exemple,
a été déterminé par l’impossibilité à laquelle il était confronté, à fin du XIX
siècle, d’affirmer que les Siciliens pouvaient avoir été assimilés à la culture
arabe.
C’est pour cette raison également qu’il soutiendra la thèse, qui circule encore dans les débats sur le sujet, que les Normands ont pu conquérir la Sicile parce que la présence des Arabes n’aurait été qu’éphémère. Cette thèse a donné lieu, enfin, à toute une mythologie de la « Sicilitude », l’identité sicilienne, qui restée intègre au fil des siècles, malgré les dominations étrangère qui se sont succédées sur l’île.
C’est pour cette raison également qu’il soutiendra la thèse, qui circule encore dans les débats sur le sujet, que les Normands ont pu conquérir la Sicile parce que la présence des Arabes n’aurait été qu’éphémère. Cette thèse a donné lieu, enfin, à toute une mythologie de la « Sicilitude », l’identité sicilienne, qui restée intègre au fil des siècles, malgré les dominations étrangère qui se sont succédées sur l’île.
Un autre exemple
de construction savante historiquement déterminée nous est offert par Henri
Bresc, dans un article publié dans l’ouvrage intitulé Maghreb-Italie, Des passeurs médiévaux à l’orientalisme (XIIIème-milieu
du XXème siècle) et intitulé « De l’abbé Vella à l’histoire romantique : Sicile de synthèse et Islam imaginaire ». L’abbé Vella,
de 1789 à 1794, au service d’un despote illuminé, répond dans son Codice diplomatico « aux besoins
idéologiques de la Sicile des Lumières », Il présente la Sicile de l’époque
de l’Islam médiéval comme une terre fertile, une terre de l’abondance et de la
tolérance politique, « le prototype du despotisme éclairé pour qui travaillait
l’abbé Vella ».
Il faut alors
poser cette question cruciale - qui rebondit dans toutes les disciplines
désormais, depuis la sociologie, avec le débat animé entre constructivistes, ethnométhodologues et analystes de la conversation, jusqu’en littérature, en
ethnographie, en anthropologie, voire en didactique des langues - de la conformité des descriptions à la réalité des faits suivant les contextes. Le travail analytique s'attache à définir également, dans les différentes disciplines, la notion même de contexte. C’est
bien cette même question qui traverse l’ouvrage d’Analise Nef « Repris dans un contexte qui
n’est pas celui de son élaboration première, un élément change-t-il de
sens ? Qu’en est-il par exemple de la jiziya
ou taxe de capitation levée sur les non-musulmans en Islam, mais appliquée
aux musulmans dans la Sicile du XIIème siècle ? des titulatures en arabe
des souverains siciliens ? d’une iconographie islamique dans un lieu de
culte chrétien ? » (p.13)
Ainsi, dans leur
tentative de délimiter des populations sur la base de critères sociaux,
religieux, linguistiques ou autre, les chercheurs devront considérer la
complexité du réel dont les frontières possibles, imaginables à rebours, restent
floues. On ne pourra remédier à cette impasse qu’en prenant en compte un nombre
important de sources, de manières à croiser les regards sur une même matérialité
multiforme.
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